La musique andalouse Algérienne
Musique andalouse : les points à connaître sur son origine en Algérie
Appelés musique andalouse ou musique arabo-andalouse ou encore musique hispano-arabe, la San’a ou le malouf tirent leur origine d’Afrique du Nord. On retrouve leurs différentes racines dans les pays arabes comme l’Algérie. Nous vous emmenons sur les traces de ce répertoire musical en Algérie.
D’où vient la musique andalouse ?
Si le sujet a été, par le passé, objet de polémique tant chez les Arabes que chez les Andalous, aujourd’hui, on peut déterminer sans difficulté la paternité de la musique andalouse. En effet, l’un des épisodes de l’histoire de ce magnifique style musical renvoie en 1236 à Tlemcen, une ville algérienne, qui devient la nouvelle terre des musulmans cordouans chassés par la Reconquista. Ces derniers s’installent dans la région avec toutes leurs traditions, y compris, leur musique.
La naissance de cette musique est attribuée à Abu Al-Hassan Ali Ben Nafi connu encore sous le nom de Ziryab. Ce compositeur né en 789 à Cordoue débarque en 822 dans la cour de l’émirat Omeyyade de Cordoue. Son rôle était donc de créer une nouvelle civilisation musicale arabo-musulmane pour le monarque. Là où ses prédécesseurs, des chanteurs venus de Syrie et d'Irak, ont échoué, Ziryab lui réussira.
Celui qui à douze ans maîtrisait à la perfection l’oud et qui à 19 ans ajoutait une cinquième corde à des barrettes au barbât, a conquis l’admiration du monarque de Bagdad. Il quitte néanmoins la région pour se rendre à Kairouan où sa réputation grandit avant de revenir à Cordoue. Son prestige lui a permis de bénéficier, de la part de l’émir Omeyyade Abd al-Rahman II, deux cents pièces d’or chaque mois. On lui a également offert des terres, des maisons et de nombreux autres cadeaux.
Les approches et le développement de la musique andalouse avec Ziryab
Selon Poché et Shiloah, deux musicologues passionnés par l’étude de la culture arabe et musulmane, le créateur de la musique andalouse se révélait simplement un génie. Les deux experts se basent en réalité sur le manuscrit élaboré par al-Maqqari, un biographe qui a vécu de 1561 à 1632. Ce dernier dans son livre, « Brises de parfums de la tendre arborescence Andalousie » donne beaucoup plus de détails sur Ziryab.
À en croire l’œuvre, le génie musicien a instauré les bases de cette musique. Il composa de nombreuses chansons basées sur des formes de poésie comme le muwashshah et le zadjal. De même, ce système musical, semblable au style perse et byzantin s’articule autour de 24 noubas qui correspondent à chaque heure de la journée. Il se centre également sur 24 modes qui font bien évidemment référence aux 24 heures d’un jour.
La nouba constitue le fondement même de la musique andalouse et signifiait : « attendre son tour ». Le chanteur-compositeur la perfectionna en y introduisant des castrats dont la voix s’avère impressionnante et sidérante. Aujourd’hui encore, si seulement 12 de ces noubas originelles restent encore utilisées, chacune d’elles comporte une suite de mouvements musicaux à base d’instruments et composés de poésie. Par ailleurs, ces noubas inspireront d’autres styles de musique comme les Cantigas de Santa Maria, les troubadours et même le flamenco.
Son influence s’étendra aussi en occident où des écrivains comme Camille Saint-Saëns s’en serviront pour écrire leurs œuvres. Pour perpétuer cet héritage, Ziryab fonda une école de musique et tenta même d’incorporer les autres formes de musique comme les romanceros et les chants grégoriens à la musique andalouse.
La musique andalouse en Algérie après Ziryab
Quelques siècles plus tard naissent le Muwashshah et le Zadjal, deux formes poético-musicales non venues d’Orient. Elles marquent ainsi l’apparition de nouveaux personnages poétiques à l’instar de Yahya Ibn Baqqî, Abu Bakr Al-Abyad ou encore Ibn Baja. Ce dernier effectue une modification de la nouba en y insérant de nouvelles formes de poésie.
Il écrit également des ouvrages, dont le plus célèbre reste « Tabrir al-Mutawahhid ». En 1609, avec l’expulsion des musulmans d’Al-Andalusis vers l’Afrique du Nord, l’Algérie, notamment ses villes de Tlemcen et Alger deviennent la capitale de la San’a, désignation de la musique andalouse en Alger. Ce répertoire de la musique arabo-andalouse développé à l’école d’Alger se rattache le mieux à la tradition de Cordoue. De son côté, l’école de Tlemcen développe le Gharnati et l'exporte au début du XXe siècle au Maroc.
À l’inverse de l’école d’Alger, le répertoire musical Gharnati demeure beaucoup plus lié à la ville de Grenade. Il faut également préciser que l’école de Constantine possédait le malouf, son répertoire musical savant arabo-andalou qui se rapproche de Séville. Notez d’ailleurs qu’il n’existe aucune différence majeure entre ces trois centres qui partagent les mêmes textes de la forme mouachah et Zadjal.
Cependant, chacun d’eux possède ses rythmes et ses mélodies. Aujourd’hui encore, la musique andalouse se perpétue à travers de grands noms algériens qui n’ont pas hésité à l’exporter à l’international. On peut citer Esma Alla, Lila Borsali, Rym Hakiki ou encore le regretté Kaddour Darsouni. Et si vous vous demandez quels sont les instruments utilisés pour cette musique, retenez tout simplement qu’il en existe de divers types. Il s’agit du riqq, des naqarat, de la darbouka, de l’oud, du rebec, du Nay ou encore du qanûn.