Les Kabyles - un peuple berbère

Les Kabyles : à la découverte d’un peuple berbère aux multiples facettes !

Souvent considérés à tort comme des Arabes, les Kabyles sont en réalité berbères (imazighen surnommés hommes libres). Il s’agit d’un des plus vieux peuples autochtones Nord-Africains et sahéliens dispersés dans plusieurs pays dont l’Algérie. Les Kabyles sont originaires de Kabylie, un ensemble de régions montagneuses situées à l’est de la capitale algérienne (Alger). Ce peuple est caractérisé par son dialecte, le kabyle qui est une variante du tamazight (langue maternelle berbère). Mais ce n’est pas tout : les tribus kabyles partagent aussi une culture et un mode de vie caractéristiques. À travers le présent article, explorez la richesse et la diversité de cette identité culturelle unique.

Le kabyle : une géographie et un dialecte représentatifs du peuple berbère

Si les Berbères sont présents dans plusieurs pays africains, en Algérie, ils sont essentiellement représentés par les Kabyles depuis le XIXe siècle. On les retrouve en Alger dans les montagnes du Djurdjura, des Bibans, des Babors et dans le littoral de ces régions.

Les indigènes de la Kabylie appellent cette dernière Tamurt n Leqbayel/Tamurt n Iqbayliyen (terre du kabyle) ou Tamurt Idurar (terre des montagnes). D’ailleurs, le mot « kabyle » découle de l’arabe « Qabail » signifiant « tribu ». Il est né de la volonté des colons français de désigner les populations montagnardes d’Algérie.

À l’origine, ce nom désignait autant les occupants des montagnes du nord-est d’Algérie (les Aurès) que ceux des montagnes ouest-algériennes. Ce n’est qu’avec le temps que cette appellation a été réduite au peuple de Kabylie.

En Algérie, les Kabyles représentent environ 15 % de la population globale et 60 % des Berbères. Au cours de l’histoire, bon nombre d’entre eux se sont retrouvés hors de l’Alger à travers l’émigration. On les retrouve notamment dans d’autres villes algériennes (Oran, Constantine), en France (où ils constituent 40 % de la diaspora algérienne), au Canada, en Belgique, etc.

Toutefois, il importe de ne pas confondre les Kabyles avec tous les autres berbères d’Algérie. En effet, une caractéristique principale permet de les distinguer : leurs dialectes respectifs qui sont tous des variétés du tamazight (langue berbère). C’est entre autres le cas du chaoui, du mozabite et du tachelhit. Quant au peuple kabyle, il a, lui aussi, son propre patois : le Taqbaylit (kabyle en français).

Des croyances et un folklore authentiques

L’identité culturelle kabyle inclut des croyances, une mythologie ainsi que des rituels riches et propres à elle.

La religion kabyle

Originellement, les peuples kabyles pratiquaient une religion polythéiste. Cependant, avec la conquête arabe de l’Afrique du Nord au VIIe siècle, la religion musulmane a pris une place de choix au sein de la communauté kabyle. Désormais, le plus grand nombre s’identifie fièrement à l’islam. Cependant, l’adoption de l’islam n’a pas effacé toute trace des anciennes croyances kabyles. Celles-ci se retrouvent essentiellement à travers leurs mythes et rituels traditionnels.

La mythologie kabyle

Les anciennes croyances kabyles comprennent à la fois des divinités, créatures mythologiques et légendes. Le polythéisme kabyle est essentiellement fondé sur les divinités suivantes :

  • Ydir ou Idir, divinité principale et dieu de la sagesse, de la justice et de l’agriculture ;
  • Ither, dieu de la guerre et protecteur du peuple kabyle ;
  • At-Itij, déesse de l’eau et de la fertilité, figure maternelle dans la mythologie kabyle.

Quant aux créatures légendaires, les plus connues sont :

  • les Amanu ou esprits de l’eau, vivant dans les cours d’eau, possédant une voix enchanteresse et pouvant mener les humains à la mort ;
  • l’Aγeddu ou homme sauvage, mi-homme mi-animal, errant dans les bois et les montagnes kabyles, usant de malice et terrorisant le peuple ;
  • les Aydian, entités surnaturelles gardiennes des éléments de la nature.

Tout comme les autres religions, celle des Kabyles a sa propre histoire de la création.

Le mythe de création kabyle

Selon leur mythologie, la création du monde est partie des ténèbres et du chaos. Leur divinité centrale Idir aurait alors établi la lumière et l’ordre dans le monde. La lumière et l’ordre ont ensuite été suivis par la création de la terre et de ses différentes composantes. Et enfin, Ydir aurait créé les humains avec la connaissance et les armes nécessaires pour s’épanouir sur terre.

Les légendes héroïques

Deux principales légendes héroïques caractérisent la culture kabyle : celle de Tala et celle d’Aït Menguellet.

Tala est une héroïne kabyle dont la légende raconte qu’elle aurait défié la tyrannie du dirigeant de son village. Sa vaillance aurait alors rallié d’autres habitants à sa cause et conduit au renversement du chef tyrannique. Quant à Aït Menguellet, il apparaît dans un conte en tant que guerrier légendaire. Il aurait affronté des envahisseurs et protégé la liberté et la terre de son peuple.

Les rituels kabyles

En dehors de la religion et de la mythologie, la Kabylie est riche en rituels. Ceux-ci s’observent dans les festivals et célébrations de tout type. Il s’agit notamment du Yennayer, Nouvel An kabyle célébré tous les 12 janvier et marquant le début du calendrier agricole. C’est aussi le cas du Thamgharth Oufernoun ou Festival de Feu, célébrant la puissance et la chaleur du soleil. À cela s’ajoutent les rites de passage tels que :

  • Aseggas Ameggaz pour le premier anniversaire d’un enfant ;
  • les rituels de mariage ;
  • les rituels funéraires (deuil et enterrement).

Par exemple, les tombes kabyles sont orientées Est vers le soleil levant. De plus, ils croient en une vie après la mort et le manifestent par des offrandes (nourritures et effets personnels) placées dans les tombeaux.

La littérature kabyle : une richesse culturelle résistante au temps

À l’origine, la littérature kabyle était essentiellement orale. À l’époque, elle connaissait déjà une kyrielle de genres. La poésie, le conte, les chants de travail, chants rituels, proverbes, devinettes, comptines, etc. Dans sa globalité, la littérature kabyle se rapportait à la vie sociale et a toujours été dominée par la poésie.

La poésie en elle-même se subdivisait en poésies religieuses et profanes. Riche et variée, la poésie religieuse kabyle est encore présente dans certains villages et chantée lors de veillées funèbres. Quant à la profane, elle touchait et touche encore tous les sujets (code de l’honneur, valeurs guerrières, satire, lyrique, etc.). Cependant, elle peinait à atteindre le grand public.

La conquête française a notamment entraîné l’essoufflement de certains genres tels que le conte, le chant rituel, les proverbes et les comptines. En revanche, la poésie a survécu et a fini par trouver sa place dans la littérature écrite. D’ailleurs, elle sert de véhicule à l’histoire de la colonisation française et des bouleversements qu’elle a engendrés sur les peuples concernés. C’est notamment le cas des Poésies populaires de la Kabylie du Jurjura collectées par Hanoteau (1867).